Le WISC
Table des matières
INTRO – Histoire des tests
I – Wechsler, successeur de Binet ?
Ressemblances
Différences
II – Présentation du WISC III
Les origines du test
Les qualités métriques
III – Structure et interprétation du WISC
Du WISC au WISC III … et au WISC 5
Subtests et aptitudes mesurées
L’échelle verbale
Information
Similitudes
Arithmétique
Vocabulaire
Compréhension
L’échelle de performance
Complément d’images
Arrangement d’images
Cubes
Assemblage d’objets
Code
Sous-tests supplémentaires
Recherche des symboles
Mémoire des chiffres
Labyrinthes
Méthodologie d’interprétation des résultats
CONCLUSION: Critiques et dépassement…
Références bibliographiques
Intro – Histoire des tests
Afin d’introduire l’exposé, nous allons commencer par définir ce qu’est un test mental. Selon Pichot, on appelle test mental une situation expérimentale standardisée servant de stimulus à un comportement. Ce comportement est évalué par une comparaison statistique, permettant ainsi de classer quantitativement, grâce à la mesure, le sujet examiné.
Le premier véritable créateur d’un test intellectuel est Binet (avec Simon). Il s’intéresse aux processus intellectuels. La différence entre le test de Binet/Simon et les tests antérieurs, est qu’il est le premier test à appliquer la mesure, non plus à des phénomènes élémentaires, mais aux fonctions supérieures de l’esprit, qui se manifestent dans la complexité de nos conduites. Il est également le premier à introduire la méthode clinique. Par la suite, d’autres tests sont apparus, notamment celui de Wechsler, qui est devenu actuellement le plus utilisé en ce qui concerne la mesure de l’intelligence.
I – Wechsler, successeur de Binet ?
Ressemblances
On observe plusieurs ressemblances entre Binet et Wechsler.
Binet a la conception d’une intelligence multiforme et indéfinissable. On retrouve la même ouverture chez Wechsler, qui estime impossible la définition de l’intelligence. Dans cette conception, l’intelligence est impossible à circonscrire. Tout comme Binet, Wechsler considère que l’intelligence doit être évaluée par un ensemble de processus. Pour Wechsler, comme pour Binet, le produit final du comportement intelligent n’est pas seulement le nombre des aptitudes ou leurs qualités, mais également la façon selon laquelle elles sont combinées, c’est-à-dire leur configuration. On ne peut déterminer le niveau d’intelligence dans l’enfant que par un ensemble d’épreuves. Wechsler, comme Binet, veut évaluer l’intelligence globalement, en utilisant une grande variété d’épreuves, dont chacune, fait appel à des processus complexes. Il faut un ensemble d’épreuves pour mettre en évidence les différentes aptitudes. Le caractère commun à toutes ces épreuves correspond à l’intelligence générale. À partir d’épreuves spécifiques, on cherche à connaître l’intelligence générale.
Un autre point commun avec Binet, est l’approche pragmatique pour construire un test. Comme le dit Wechsler lui-même : l’idée que nous avons faire ressortir est que tous les tests doivent être mis à l’épreuve d’une vérification expérimentale effective, ou d’un critère concret de validation. Ce principe pragmatique de validation pratique semble avoir été trop peu pris en compte par les constructeurs des tests. D’une façon générale, de trop nombreux items, utilisés dans la plupart des échelles d’intelligence, y ont été inclus sur la base de considérations purement statistiques et aprioristes. La seule façon de savoir si un item d’un test est une bonne mesure de l’intelligence, c’est de l’essayer.
Enfin, on retrouve, tout comme chez Binet, un ancrage de psychopathologue et de clinicien chez Wechsler. En d’autres termes, on ne se limite pas aux résultats quantitatifs des tests, mais on observe également tout le déroulement de la passation des tests…
Différences
Maintenant, on constate également des différences entre le test de Binet et le test du WISC.
En premier lieu, la première limite du test de Binet, est qu’il ne concerne que les enfants. Les contenus des tests peuvent paraître ridicules si on les fait passer à des adultes. De plus, la notion d’âge mental n’a pas vraiment de sens pour un adulte. L’âge mental est pertinent chez un enfant en plein développement, mais pas chez un adulte. À la notion d’âge mental, Wechsler substitue la notion de rang, qui correspond au classement de la performance du sujet par rapport à son groupe d’âge. Ce classement est différent pour chaque sub test. Wechsler abandonne donc la notion d’âge mental, et donne une nouvelle définition du Q.I., qui n’a plus rien à voir avec un quotient, mais qui indique simplement le rang du sujet.
Wechsler crée deux sous échelles. L’échelle verbale renvoie à la capacité à manier les mots et les symboles, et l’échelle de performance à l’aptitude à se servir d’objet et à percevoir des schémas visuels. Les sous tests sont constitués d’items de difficulté graduée. Les acquisitions d’un âge à l’autre ne se manifestent plus par l’apparition de nouvelles conduites, mais par des réussites dans des problèmes plus difficiles et de même nature. Cette construction des épreuves permet une interprétation plus analytique que l’appréciation d’un simple Q.I. On peut analyser des Q.I. verbaux et de performance, la dispersion des notes aux différents sub test.
Une autre différence qui existe entre Binet et Wechsler est la conception de l’intelligence dite naturelle. Binet a toujours prétendu mesurer au moyen de son test de l’intelligence naturelle, faculté indépendante de l’instruction et de la personnalité. Wechsler, au contraire, a beaucoup insisté sur ce qu’il appelle les secteurs non-intellectuels de l’intelligence. Selon Wechsler, il est incorrect de vouloir éliminer les facteurs de personnalité de l’évaluation intellectuelle. L’expérience a montré que mieux on réussissait à exclure ces facteurs, moins efficaces étaient les tests comme mesure de l’intelligence générale.
II – Présentation du WISC III
Ajout de la rédaction, le WISC 5 est sorti
Les origines du test
La première échelle mise en place par Wechsler est une échelle pour adultes : la Wechsler Bellevue, qui s’appellera par la suite la WAIS. Le succès de la première échelle pour adultes le conduit à créer une adaptation destinée aux enfants : le Wechsler Intelligence Scale for Children. Depuis, les échelles de Wechsler sont revisitées régulièrement.
Le WISC III est la troisième édition française de l’échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants, publié en 1996. Il s’agit d’un instrument clinique d’administration individuelle, qui évalue l’intelligence des sujets âgés de 6 à 16 ans 11 mois. C’est l’échelle d’efficience la plus utilisée avec les enfants d’âge scolaire. L’auteur fait l’hypothèse que ce succès est lié à la possibilité d’une interprétation plus analytique que l’appréciation d’un simple Q.I..
Les qualités métriques
Comme tous les tests, le WISC III doit présenter un certain nombre de qualités métriques, c’est-à-dire de mesures, qui sont : la validité, la fidélité, et la sensibilité.
La validité est la qualité d’un test mesurant effectivement ce qu’il est censé mesurer. En général, pour apprécier la validité d’un test, on calcule la corrélation entre à la performance au test, et la performance dans une situation indépendante au test, et qui peut servir de critère pour ce que l’on cherche à mesurer. Par exemple, si un test doit fournir une indication sur le niveau scolaire, il doit être corrélé avec ces critères évalués au même moment par d’autres moyens, par exemple grâce aux résultats scolaires.
La fidélité est la caractéristique d’un test qui fournit des résultats cohérents sur les individus testés. Il doit y avoir cohérence des résultats observés à deux dates différentes, des résultats obtenus dans deux moitiés du test ou dans des tests parallèles, ou notés par des examinateurs différents. Il s’agit donc de la constance des scores obtenus par une personne, ou à un groupe de personnes, au même test, dans les résultats seront alors fiables
la sensibilité est la qualité d’un test qui possède un pouvoir discriminant plus ou moins grand. Un test est plus ou moins sensible selon qu’il permet plus ou moins de différencier les personnes les unes par rapport aux autres.
Peu de recherches ont été faites en ce qui concerne les qualités métriques du WISC III français, néanmoins, en se basant sur les recherches du WISC américain, on peut supposer que ces qualités sont satisfaisantes.
III – Structure et interprétation du WISC
Du WISC au WISC III… et au WISC 5
En 1974, on a modernisé pour la première fois le WISC, ce qui a donné que le WISC révisé ou WISC-R. À son tour, le WISC III a été publié en 1991. Le but principal de cette révision était de mettre à jour les normes. Notons que 73 % du contenu du WISC-R a été retenu dans le WISC III.
Malgré les 17 années d’écart entre les deux publications, les changements ne sont pas très nombreux. Les modifications les plus importantes concernent l’apparition des couleurs, l’ajout d’un sous-test Recherche de symboles et l’amélioration de la méthode d’évaluation et des instructions. De plus, certains items ont été ajoutés à la plupart des sous-tests.
La batterie du WISC III est composée de 10 sous-tests, soit 5 sous-tests verbaux et 5 sous-tests non verbaux.
Subtests et aptitudes mesurées
L’échelle verbale
Information
Définition
Ce sous-test porte sur les connaissances de l’enfant. Celui-ci doit répondre à 30 questions portant sur des informations variées, qui se rapportent à des noms d’objets, des lieux, des gens, l’histoire, la géographie, etc.
Exemple : quel mois vient juste après le mois de septembre ?
Aptitudes évaluées
L’Information est le premier sous-test verbal, qui renvoie surtout à l’ouverture sur le monde de l’enfant et qui reflète bien la curiosité intellectuelle de l’enfant.
Similitudes
Définition
Cette épreuve consiste en 19 items dans lesquels on demande au sujet de trouver en quoi deux choses se ressemblent.
Exemple : en quoi est-ce que le rouge et le bleu se ressemblent ?
Aptitudes évaluées
Ce sous-test révèle la façon dont le sujet met les choses en relation les unes et les autres. Il permet d’apprécier essentiellement les capacités d’abstraction et de logique verbale.
Arithmétique
Définition
Il s’agit ici de 24 petits problèmes analogues à ceux auxquels les sujets ont été exposés à l’école, à résoudre de tête, sans papier ni crayon. À chaque item est associée une limite de temps variant en fonction de sa complexité.
Exemple : un garçon avait 11 timbres et il en a vendu cinq. Combien lui en reste-t-il ?
Aptitudes évaluées
Ce sous-test mesure le degré de maîtrise des opérations arithmétiques de base.
Vocabulaire
Définition
Dans ce sous-test, l’enfant doit donner une définition pour une série de 30 mots présentés par l’examinateur. Ces mots sont de difficulté croissante.
Aptitudes évaluées
Le vocabulaire renvoie à la capacité d’apprentissage, à l’étendue des idées, dans une démarche qui demande réflexion et abstraction. Par ailleurs, ce sous-test est un des plus projectifs de toute l’échelle.
Compréhension
Définition
L’enfant doit répondre à une série de questions qui se rapportent la vie quotidienne, à des actions et à des situations sociales, à propos desquelles on cherche à cerner le bon sens et l’adaptation pratique du sujet.
Aptitudes évaluées
Wechsler a du mal à préciser ce que cette épreuve évalue : il évoque le bon sens, les acquis dans le domaine des informations pratiques, et l’aptitude générale à intégrer l’expérience passée.
L’échelle de performance
Complément d’images
Définition
Ce sous-test est composé d’images représentant des objets auxquels il manque une partie, un détail important. L’enfant doit dire quel est ce détail ou le montrer. Il y a 30 images incomplètes qui ont une difficulté croissante.
Exemple : un crayon auquel il manque la mine.
Aptitudes évaluées
Il s’agit d’une tâche de discrimination visuelle, qui fait donc appel à l’organisation spatiale. Elle fait aussi appel à la mémoire à long terme, puisqu’il faut comparer une image actuelle à une représentation mémorisée.
Arrangement d’images
Définition
Dans ce sous-test, l’examinateur présente au sujet une série d’images. Les images sont présentées en désordre et le sujet doit les remettre dans l’ordre approprié pour composer une histoire logique. Les 14 séries sont composées de trois à six cartes. Le sujet dispose d’un temps limité pour reconstituer l’histoire.
Aptitudes évaluées
Ce sous-test permet de mesurer l’aptitude d’un sujet à comprendre et à saisir une situation dans son ensemble.
Cubes
Définition
Ce sous-test consiste à reproduire, avec des cubes, des modèles de dessins géométriques exposés sur des cartes. On a besoin de 2 cubes pour l’item 1, de 4 cubes pour les items 2 à 9, et de 9 cubes pour les items 10 à 12.
Aptitudes évaluées
Pour Wechsler, il s’agit du meilleur sous-test de l’échelle de performance qui mesure l’intelligence concrète et la coordination visuomotrice.
Assemblage d’objets
Définition
Dans chacun des cinq items de ce test, on présente au sujet des morceaux d’un objet familier en désordre et il doit les assembler aussi vite qu’il le peut, de façon à recomposer le dessin de l’objet familier. Le score tient compte du temps et du nombre de morceaux assemblés.
- : reconstitution d’une pomme découpée en 5 parties distinctes
Aptitudes évaluées
À l’assemblage d’objet, la flexibilité d’esprit est très importante, car l’enfant doit pouvoir réviser ses hypothèses quand il s’aperçoit qu’il se trompe. L’épreuve est chronométrée, ce qui suppose de pouvoir travailler avec la pression de temps.
A noter que la coordination visuo motrice et l’organisation spatiale sont sollicitées.
Code
Définition
Chaque groupe d’âge reçoit une feuille différente avec des symboles constitués de chiffres et de figures. Il s’agit de reproduire les symboles appropriés dans un temps limité. Pour les sujets de plus de huit ans, il s’agit de substituer des signes sans signification à des nombres.
Aptitudes évaluées
Cette tâche permet d’apprécier la rapidité et la précision avec lesquelles est menée cette association de symboles par l’enfant. Ce sous-test fait principalement appel à l’attention, à la mémoire à court terme et à la coordination visuomotrice. Cette épreuve s’est ainsi révélée une des plus sensibles de l’échelle aux troubles neurologiques.
A noter que le sous test des labyrinthes peut, au besoin, remplacer le Code.
Sous-tests supplémentaires
Recherche des symboles
Définition
Dans ce sous-test, qui est non verbal, on présente un stimulus cible à l’enfant et celui-ci doit l’identifier dans une série. Ainsi, pour chacun des 45 items, le sujet doit décider, en cochant la case appropriée, si oui ou non il retrouve un des deux symboles isolés dans une série de trois symboles (au-dessous de huit ans) ou dans une série de cinq symboles (au-dessus de huit ans).
Aptitudes évaluées
Cette épreuve a été introduite dans le WISC III dans le but de donner plus de poids au facteur attention/concentration mis en évidence avec le WISC R.
Mémoire des chiffres
Définition
Cet autre sous-test supplémentaire, qui est verbal, fait appel à la mémoire immédiate des chiffres. L’examinateur présente 15 séries de chiffres oralement. Selon les items, la série va de 2 à 9 chiffres. Dans la première partie de l’épreuve, le sujet doit répéter les chiffres dans le même ordre, et dans une seconde partie, il doit les répéter dans l’ordre inverse.
Aptitudes évaluées
Cette épreuve permet d’évaluer certaines capacités nécessaires au bon fonctionnement intellectuel, de la qualité du contrôle attentionnel et de la mémoire à court terme.
Labyrinthes
Définition
Le dernier sous-test supplémentaire, qui est non verbal, est constitué de 10 labyrinthes. On demande à l’enfant de tracer une ligne dans le seul chemin possible pour se rendre du point A au point B. Il y a un temps limité pour chaque tâche.
Aptitudes évaluées
Cette épreuve des labyrinthes évalue la capacité du sujet à planifier son comportement.
Méthodologie d’interprétation des résultats
Afin d’obtenir un résultat fiable, un premier niveau d’analyse peut s’appuyer sur la comparaison des deux QI plus spécifiques, calculés séparément sur l’échelle verbale d’une part et l’échelle performance d’autre part. À un second niveau, l’analyse des performances peut aussi s’appuyer sur le fait que les scores standards aux différents sous-tests sont directement comparables, où il est alors possible de chercher s’il y a des points forts et des points faibles à un niveau plus spécifique encore.
À noter que le QI total n’a de sens que s’il n’y a pas une trop grande différence entre les échelles verbale et de performance. Si cette différence est proche de 12 points (seuil à partir duquel elle est considérée comme significative), le QI global garde une signification. Si cette différence est beaucoup plus élevée, le QI total perd alors toute valeur.
Conclusion : Critiques et dépassement…
La principale critique faite aux tests d’intelligence en général, et cela concerne les échelles de Wechsler, est l’influence de la classe sociale sur les performances intellectuelles.
La seconde critique adressée aux échelles de Wechsler provient des psychologues cognitivistes qui reprochent à ces échelles d’être théoriquement peu fondées et peu modernes. Ils blâment Wechsler de ne pas avoir élaboré une véritable théorie de l’intelligence.
Cependant, il aurait été difficile au psychopathologue de développer une conception opératoire de l’intelligence, dans la mesure où l’intelligence est pour lui le fruit d’une infinité théorique d’aptitudes différentes. Cette définition est très directement liée à l’importance qu’accorde Wechsler à la clinique : qu’il s’agisse du rôle des facteurs non intellectifs dans l’intelligence générale, ou de la primauté qu’il accorde aux données cliniques sur les résultats obtenus aux tests, Wechsler ne se fait aucune illusion sur la possibilité de dégager l’intelligence des autres aspects de la personnalité, de l’affectivité, des émotions, des motivations, etc.
Ainsi, si les échelles de Wechsler sont considérées pour beaucoup comme le test d’intelligence à application individuelle le plus classique et offrant une très grande qualité psychométrique, sa richesse clinique est également incontestable, permettant aux psychologues de mettre en évidence les stratégies, les mécanismes de défense et blocages divers du sujet…
Références bibliographiques
- Le bilan psychologique avec l’enfant, approche clinique du WISC III, Christine ARBISIO, 2003, Dunod, Paris.
- L’évaluation clinique de l’intelligence de l’enfant, théorie et pratique du WISC III, Jacques GREGOIRE, 2000, Mardaga, Liège.
- Évaluer l’intelligence, psychométrie cognitive, Michel HUTEAU et Jacques LAUTREY, 1999, PUF, Paris.