Deux modèles innovants mais différents : Montessori et Freinet.
À partir du XVIIIème siècle apparaît le concept de pédagogie alternative. Il s’agit de philosophes, médecins et éducateurs qui souhaitent apporter une vision nouvelle de l’éducation. Le père fondateur de la pédagogie alternative est Rousseau avec son ouvrage Émile ou de l’éducation, (1762).
Il porte une idée différente de l’éducation et de l’enfant. C’était un adulte en miniature, un impensé. Dans son modèle, Rousseau développe des notions comme la liberté, le bonheur et la sagesse de l’enfant, sa proximité avec la nature et une autorité différente.
Il est donc un pionner révolutionnaire. Plusieurs penseurs vont lui succéder et notamment après la première guerre mondiale qui est vécue comme un choc et lance des idées nouvelles telles que les concepts de paix et de liberté. Dans ce courant, nous pouvons nous intéresser à deux penseurs que sont Maria Montessori et Freinet. Maria Montessori (1870-1952) est une penseuse Italienne de l’après guerre. Elle fut diplômée en médecine, philosophie, biologie, anthropologie et psychologie.
À l’issue de ses études, elle deviendra la première femme médecin d’Italie et se spécialisera en psychologie de l’enfant déficient. Ses idées sont influencées par trois penseurs.
Tout d’abord, Rousseau chez qui elle reprend les concepts de nature, liberté, bonheur et plénitude de l’enfant. Puis, Itard au XIXème siècle dont elle hérite le matérialisme sensoriel mis en place pour Victor de l’Aveyron, un enfant sauvage qu’il voulait éduquer.
Enfin Séguin, qui constate des capacités d’éducabilité forte chez les enfants déficients, principale théorie qu’elle reprend aux débuts de ses recherches : En 1896, Elle commence par s’occuper d’enfants déficients et annonce que leur déficience est un problème plus d’ordre pédagogique qu’intellectuel. Devant la difficulté à les éduquer, elle développe des outils pédagogiques influencés par Itard.
En 1907, le maire de Rome lui soumet un projet : Ouvrir une maison des enfants pour un quartier pauvre de Rome. L’objectif étant de maintenir occuper des enfants pauvres du quartier. Mais la tournure sera tout autre. En observant une enfant concentrée à sa tâche, Montessori commença à mettre en place ses principes pédagogiques.
À la suite, elle passa son temps à observer les enfants pour trouver des principes pédagogiques qu’elle théorisa ensuite. Elle nous présente sa pédagogie à travers son œuvre scientifique majeure qu’est l’Enfant, parut en 1935 et réédité en 2010. Il s’agit d’un ouvrage faisant la synthèse de ses travaux sur l’enfant. Sa pensée est un modèle théorique qu’elle construit grâce à sa pratique.
Elle y détaille sa vision de l’enfant à travers ce qu’il est et comment il se construit, le rôle de l’éducateur et les moyens pédagogiques à mettre en place. Elle fonde ainsi une pédagogie du matérialisme et de l’évolution où elle élabore des stades d’évolution de l’enfant à la manière de Rousseau ou encore de Piaget. L’ouvrage est construit en opposition avec la pédagogie traditionnelle. L’objectif est la liberté de l’enfant et son bonheur.
Freinet est un penseur Français de l’après guerre également. C’était un instituteur, mobilisé par la guerre puis revenu à ses fonctions. Il revient gazé et ainsi affaiblit. Dans la préoccupation d’épargner ses forces physiques, il souhaite inventer une pédagogie où l’enfant est acteur. Ses écrits scientifiques et militants sont des pistes de moyens à mettre en œuvre pour donner mettre au travail l’enfant afin de le motiver en le rendant maitre de son apprentissage.
À la différence de Montessori, Freinet écrit pour dire qu’il n’y a pas de méthode à privilégier car l’enfant apprend naturellement. Malgré cela, si les moyens misent en œuvre diffèrent de Montessori, l’objectif reste le même : la liberté de l’enfant et son bonheur. Mais il y a rajoute le travail et l’importance de la coopération. À travers la lecture de ces auteurs révolutionnaires on voit apparaître des idées communes mais aussi différentes.
Nous allons tenter de confronter leurs pensées. En quoi la pédagogie de Montessori peut-elle être proche et/ou différente de celle de Freinet ?
Tout d’abord, nous verrons en quoi consiste les principes de la pédagogie Montessori en mettant en parallèle la synthèse des idées de son œuvre l’Enfant et l’analyse de celles-ci. Puis nous verrons en quoi ses principes sur l’enfant, la construction des savoirs, la méthode pédagogique, les objectifs de cette méthode, et son rapport à la pédagogie traditionnelle peuvent être rapprochées ou éloignées de celles défendues par Freinet à la lumière d’une analyse comparative.